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Le Chiffre de la Semaine : 350 000

Le Chiffre de la Semaine : 350 000

Plus de 350 000 diagnostics de performance énergétique (DPE) sont aujourd’hui réalisés chaque mois, contre 120 000 en 2018. En six ans, ce nombre a presque triplé. Selon le rapport public thématique de la Cour des comptes publié en juin 2025, cette « massification rapide » s’est accompagnée d’une hausse de 46 % du nombre de diagnostiqueurs certifiés entre 2019 et 2023.

La Cour souligne une fragilité structurelle de ces opérations car la fiabilité des DPE demeure incertaine en raison de l’hétérogénéité des pratiques des diagnostiqueurs. On constate ainsi une nette tendance à “faire passer” les logements au seuil maximum d’une classe, dans l’intérêt évident du vendeur ou du bailleur : voir à ce sujet les débats sur les « DPE de complaisance” suite à plusieurs études (Le Calvez, 2025 ; Krno, 2025) qui concerneraient autour de 4% des diagnostics effectués – mais 6 % des biens initialement classés G qui deviennent F, et surtout 19 % des biens classés F qui passent artificiellement à la lettre E (voir graphique).

dpe
Source : étude Krno, novembre 2024 : https://www.krno.fr/fraude-dpe-complaisance – ovales : nos ajouts.

Les échéances prévues par la loi Climat et résilience, et surtout l’interdiction de louer les biens classés G depuis le 1er janvier 2025, recomposent le marché de la transaction, avec une décote de prix pouvant aller, selon les régions, jusqu’à -12 ou -13% sur les biens F et G par rapport à la classe médiane D (Notaires de France, 2023), lorsqu’un bien A ou B pourrait s’apprécier de près de 25% par rapport à la même classe médiane. Ces enjeux règlementaires ont donc une traduction économique directe et redéfinissent en creux les pratiques professionnelles du secteur immobilier. La Cour pointe des inégalités de qualité dans les diagnostics, des risques d’erreurs liés à la formation hétérogène des professionnels, et un pilotage de la filière encore perfectible.

Pour essayer d’y remédier, l’État a durci les exigences : depuis le 1er juillet 2024, un nouvel arrêté élève le niveau de compétences requis, allonge la durée de formation initiale et renforce les contrôles menés par les organismes certificateurs. L’objectif est de restaurer la confiance du public et de réduire les erreurs qui peuvent engager la responsabilité juridique et assurantielle des diagnostiqueurs. La Cour appelle en outre à une carte professionnelle obligatoire d’ici 2026 afin de structurer la filière et prévenir les conflits d’intérêts entre organismes de formation et de certification. Une évolution bienvenue, alors que le DPE est devenu un document opposable, au cœur des transactions et de la décence énergétique des logements. Elle appelle aussi à mieux articuler le DPE avec les dispositifs de rénovation comme MaPrimeRénov’.

Pour les professionnels de l’immobilier comme pour les étudiants, cette nouvelle ère du DPE impose de repenser les pratiques. Vérifier, comprendre et anticiper la qualité du diagnostic n’est plus une option, mais une responsabilité partagée au service de la transition énergétique du parc immobilier.