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IMMO | Le chiffre de la semaine : 16 000 ou 90 000 démolitions / désaffectations annuelles de logements en France ?

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L’ordre de grandeur varie de 1 à 6 : c’est pourtant la marge d’incertitude quant au nombre de démolitions et de désaffectations de logements par an en France, d’où découle le taux de renouvellement annuel nécessaire pour maintenir au moins constant le parc national de logements. 

Cette donnée est en effet imprécise, car elle suppose un bon fléchage des permis de démolir ou autorisations de travaux (type de bâti, nombre de logements affectés), sachant qu’un permis de démolir n’est pas forcément obligatoire en France et que la collecte statistique de cette information n’est pas systématisée (voir la base Sitadel2). 

Il est cependant possible, dans les grandes lignes, de cerner une évolution majeure sur les dernières décennies. Ainsi, les années 1990 et 2000 ont été marquées par une politique offensive de rénovation urbaine, avec des démolitions très médiatisées de grands ensembles dans le cadre des politiques de la ville et des actions de l’ANRU ; ceci a conduit à des pics à 50 000 démolitions par an, selon les estimations d’Alain Jacquot (2012), générant un total de près de 90 000 logements à remplacer par an, si l’on ajoute au premier chiffre les changements de destination et les désaffectations habituelles de logements. 

Cependant, la contestation à l’encontre du processus de démolition / reconstruction s’est accrue avec le temps. La contrainte foncière pousse de plus en plus à la valorisation des friches et à la densification de l’existant, tandis que les coûts des matériaux tout comme le bilan carbone de la construction – en particulier du béton – incitent désormais à récupérer autant que possible les volumes des bâtiments et à les adapter pour d’autres usages. L’heure est donc bien à construire la ville sur la ville, selon une approche circulaire du foncier et des matériaux. 

S’y ajoutent des questions sociales, avec une meilleure prise en compte de l’impact psychologique des destructions sur les habitants et, de plus en plus, des considérations patrimoniales, en lien avec les héritages du modernisme architectural du XXe siècle dont on commence timidement à valoriser quelques aspects esthétiques et culturels. 

Les débats sont en tout cas bien vifs autour des projets urbains impliquant des démolitions, comme l’emblématique tour INSEE à Malakoff, largement médiatisée, les bâtiments de Candilis et Debeaux à Toulouse, ou ceux de Paul Chemetov dans le quartier des Briques Rouges à Vigneux (Essonne), parmi tant d’autres. 

 

Au total, il y aurait en tout cas un net déclin des opérations de démolition de logements en France. Selon Jean-Claude Driant (2023), les derniers chiffres du SDES seraient ainsi plutôt autour de 16 000 logements détruits chaque année, même si cet ordre de grandeur reste à confirmer. 

Il devient pourtant essentiel de savoir mesurer plus précisément ce phénomène, et de fournir une information statistique ouverte à son sujet, tant ce chiffre impacte immédiatement les besoins en logements à bâtir et permettrait de témoigner de l’effort de frugalité consenti par les acteurs de l’immobilier et de la construction.