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IMMO | Le chiffre de la semaine : 845 000 logements manquants pour résorber la privation de logement

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À l’occasion de la sortie du 29e Rapport de la Fondation Abbé Pierre 2024, il est possible d’actualiser notre travail estimatif des besoins en logement pour la population privée de domicile en France. Si le “mal-logement” concerne environ 4,1 millions de personnes en 2024, en incluant toutes les situations de surpeuplement et de privation de confort, la privation de logement personnel, stricto sensu, impacte toujours près de 1,1 millions de personnes.


Sources des données : FAP, 2024 / ESPI, 2023 & 2024

Le volume de personnes affectées semble en hausse importante (+4,7% par an depuis 2013), mais les données restent très délicates à rassembler et conduisent nécessairement à des estimations (ex : habitations de fortune dans les DROM pour les personnes en situation irrégulière). Plus encore, la conversion en nombre de ménages, et donc de logements manquants, est un exercice périlleux [voir l’édito du 16/10 dernier]. En effet, seules de rares enquêtes de terrain, analysées par les articles scientifiques spécialisés, permettent d’estimer la proportion de personnes seules, de couples ou de familles concernées par chaque cas.
Sans surprise, ces situations sont fréquemment marquées par la solitude, avec une taille moyenne des ménages proche de 1,2 – sauf sur l’habitation de fortune, où l’on est au contraire plutôt au-dessus de la moyenne nationale (plus de 2,2 personnes par ménage).

Il en résulterait, en toute approximation, un déficit d’environ 845 000 logements (en stock permanent), essentiellement dans le logement aidé et accompagné. Il s’agit donc d’un volume à ajouter aux besoins (en flux) résultant de la croissance de la demande potentielle, soit environ +350 000 logements par an. Toute la question – politique – est alors de savoir sur combien d’années lisser un programme volontariste de résorption de ce stock pour tenter de résoudre l’enjeu de la privation de logement en France.
Un rapport de l’ESCP pour la FPI demandait un effort de 64 000 nouveaux logements par an d’ici 2030, mais ce chiffre s’appuie sur le déficit constaté entre construction et besoins liés à la demande potentielle, c’est-à-dire en flux cumulé, et non en stock observé. L’USH annonce quant à elle un besoin de 122 000 nouveaux logements par an : c’est pour supprimer toutes les situations de privation d’ici 2040, mais en intégrant aussi le surpeuplement et l’inconfort (+1,1 million de ménages), donc un enjeu qualitatif de rénovation, en plus de l’enjeu quantitatif. Nos calculs aboutissent plutôt à 75 000 par an à l’échéance 2030 (uniquement pour la privation). Le tout ne faisant sens qu’avec des dispositifs d’aide à l’emploi, à la réinsertion éventuelle, etc.
Beaucoup d’études préfèrent d’ailleurs ne pas intégrer ce paramètre à leurs calculs, tant il repose sur des choix et de la dépense publique, et non sur les seuls critères de mesure : le besoin est pourtant là, il convient donc de ne pas l’oublier.