Il s’agit de la part prévisionnelle des ménages d’une seule personne en France à l’horizon 2050, d’après les calculs du SDES, le service statistique des Ministères de l’Aménagement du territoire et de la transition écologique. Nous l’évoquions déjà dans notre étude sur les Besoins en logement en France à l’horizon 2030 (ESPI2R, 2025) : la population française n’augmentera plus après 2040/2045, mais le nombre des ménages va, quant à lui, continuer à augmenter du fait du vieillissement de la population (plus de personnes âgées seules) et des décohabitations (jeunes actifs célibataires, séparations). La taille moyenne des ménages passera ainsi de 2,2 à 2,08 personnes dès 2030, et donc très certainement sous la barre des 2 personnes avant 2050.
La note du groupe prospectif Plan Bâtiment durable sur la crise immobilière et les mutations du secteur, parue le 19 mars dernier, ne s’y trompe pas. Elle annonce ainsi que, « entre 2020 et 2050, on s’attend à une croissance de 3,5 millions de ménages mais 95% de cette croissance serait due à des personnes seules. Finalement, les trois quarts des ménages comporteraient une ou deux personnes en 2050. Une révolution silencieuse qui impose aux acteurs de l’immobilier à adapter le parc existant et les constructions neuves » (Cléret & Visier / RBR-T, 2025, p. 10).
Source du graphique :Immobilier, les arbres qui tombent et la forêt qui pousse / 2e livret : « s’adapter aux modes de vie », Rapport du groupe prospectif du Plan Bâtiment durable, Visier & Cleret (dir.)/RBR-T, 2025.
Quelles en seront les conséquences premières? Tout d’abord, une nécessaire réorientation de la production neuve vers de plus petites surfaces, du studio au T2/T3 surtout, notamment en centre d’agglomération, mais aussi dans les espaces ruraux, seul le périurbain et l’arrière-pays littoral du Grand Ouest gardant une relative dynamique favorable aux logements familiaux.
Ensuite, une adaptation du parc existant au grand âge, notamment pour répondre à la demande dominante de maintien à domicile le plus longtemps possible (cf. MaPrimeAdapt’ de l’ANAH), ce qu’on nomme le « virage domiciliaire », à anticiper de plus en plus.
Mais surtout, et plus encore, une production neuve repensée, que ce soit dans des formes nouvelles (coliving, intergénérationnel, logements modulables) ou dans de l’accompagnement urbain, par une ville favorable à la santé, en s’appuyant sur une réflexion globale des besoins et usages pour le bien-être des plus âgés. Ce secteur, constitutif de la silver économie, est assurément aussi une base de croissance et d’innovation pour l’immobilier, comme notre dernière journée d’étude à Lyon a pu le détailler – voir notamment les interventions de Luc Broussy (France Silver Eco), Yankel Fijalkow (ENSA-PVS), Pierre-Marie Chapon (Domelia Conseil), Virginie Garnier (Arcade-VYV Promotion Sud-Est) ou encore Pascal Dreyer (Leroy Merlin Source).