Actualités

LE POINT sur le i | « Déclin démographique et immobilier : la fausse inférence » par Samuel DEPRAZ

/ A la une, Actualités, Le point sur le i

Fin novembre 2021, l’INSEE a dévoilé ses nouvelles prévisions de croissance démographiques à l’horizon 2070. Ce rapport, inscrit dans la continuité d’une précédente édition parue cinq années plus tôt, a fait grand bruit : en effet, l’institut statistique national a revu fortement à la baisse les chiffres de projection de la population nationale. Le total est ramené, en scenario central, de 76,4 à 68,1 millions d’habitants en 2070 – soit 8 millions d’habitants de moins que ce qui était initialement prévu ! Plus encore : alors que les trajectoires démographiques nationales étaient jusqu’ici envisagées en hausse constante (quoique modérée) jusqu’à cet horizon, il est désormais question d’un palier haut autour de 2045 à un maximum de 69,2 millions d’habitants, puis d’une baisse en valeur absolue au-delà.

La démographie française romprait ainsi nettement avec une époque de fort dynamisme, celle des années 2000, pour connaître dorénavant à la fois une baisse de la fécondité, un recul de l’âge à la primo-maternité, une stabilisation de l’espérance de vie à la naissance et un solde migratoire limité à un niveau particulièrement bas (+70 000 personnes par an, contre +140 000 actuellement, même en période de crise sanitaire). L’exception nataliste française serait donc bel et bien révolue, pour voir notre pays rejoindre le lot des pays européens vieillissants et moins attractifs.

Si les méthodes de calcul et la rigueur de la réflexion de l’INSEE ne posent guère question, ces scenarii ouvrent cependant à de nombreuses interrogations nouvelles, notamment en ce qui concerne le travail prospectif en immobilier – avec, en premier lieu, les conséquences d’une telle rupture sur la modélisation du futur marché du logement. Assiste-t-on à l’annonce du déclin durable d’un secteur, celui de la promotion-construction, ou au minimum à sa réduction prévisible au seul renouvellement annuel d’un parc devenu stable, avec un fort accent désormais porté sur la rénovation du bâti ?

 

Samuel DEPRAZ, Géographe, Directeur de la Recherche et Directeur du Laboratoire ESPI2R, aborde le sujet en 5 axes :

    1. Un plongeon de 500 000 à 150 000 logements neufs requis par an ?
    2. Des besoins de constructions nouvelles même en déclin démographique
    3. Croissance réelle des ménages
    4. La vacance des logements : un paramètre spatial difficile à résorber
    5. Au-delà de la demande potentielle : quels choix politiques en matière de logement ?